Pour moi une année ne veut pas dire grand chose, car chaque seconde est singulière, et dans chaque jour tout est si nouveau. Nous pourrions fêter chaque nouvelle minute. Je vous souhaite donc à tous des milliers de minutes lucides, joyeuses et éveillées. A vous comme à tous les êtres.
Cette nouvelle année s’annonce de mon côté plus ralentie, avec plus d’introspection.
J’arrive de moins en moins à prononcer des mots qui ne sont pas sincères. J’arrive de moins en moins à prononcer des mots d’ailleurs. Je ne sais plus quoi dire. Car tout à été dit avant moi. Enfin, ce qui reste à dire c’est uniquement ce qui émane d’une réalité évanescente et dont il n’y a rien à faire…La réalité est éphemère et non modélisable. Un instant est comme un parfum. On le sent, on s’en nourrit puis il s’évapore.
Ce que j’aimerais dire là, maintenant à vous qui me lisez :
La méditation est une porte qui nous ouvre sur des contrées impossibles à déterminer à l’avance. On ne peut savoir ce que l’on va y rencontrer, car le principe est bien de voir, en tous cas de vivre la réalité telle qu’elle est derrière nos conditionnements. Comment peut on la « connaître » ?
Il y a donc un esprit d’aventure dans le fait de méditer. Et si il y a bien quelque chose auquel on veut s’accrocher et pourtant qui est l’ultime pan à voler en éclat, c’est notre identité. Ce que je suis est plutôt ce que j’ai construit que je suis et n’est pas moi telle que je suis là maintenant. Déceler cela, percevoir que je me raconte beaucoup de choses sur moi même et que cela n’a rien à voir avec mon essence véritable est terrifiant. C’est comme sauter d’une falaise. Toute notre méditation peut tourner autour de ce point : la construction de notre égo.
En tant que psychiatre, je sais combien cet égo est nécessaire, cette personnalité, cette identité est une forteresse que l’on construit depuis l’enfance. Il n’est nullement question de la saboter, de la saccager. Cela peut faire d’importants dégâts (dissociation, déralisation, décompensation délirante). Pour autant, cela ne veut pas dire que ce n’est pas un chantier auquel il est bon de s’atteler. C’est même le voyage le plus extraordinaire. Comment peut il y avoir quelque chose de neuf dans notre existence si nous fonctionnons avec les vieux schémas du passé ? (J.Krishnamurti nous invite ainsi à nous libérer du connu). Mais ce neuf est incertain, vaste, impalpable.
Je dirai que mon métier n’est pas d’enseigner ce qu’il y a dans cet espace, mais au moins de commencer à apercevoir que nos pensées ne sont pas la réalité absolue. Qu’il y a de l’espoir de se libérer de nos croyances. Les thérapies cognitives sont un premier pas fabuleux puisqu’on apprend à « critiquer » ses pensées. Puis la thérapie des schémas permet de toucher au fond de nous comment nous avons forgé des défenses dans des moments traumatiques. Enfin, la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience amène doucement à sentir ce socle en nous, cette base, cette sagesse innée qui peut nous donner confiance par délà les représentations de nous même. Lorsque notre esprit se trouve stabilisé alors que nous avons cessé les trains de pensées et de ruminations, nous comprenons qu’elles n’ont pas tout pouvoir. Il y a en nous des ressources non rationnelles, cachées dans notre corps, notre souffle. Il y a du mystère en nous. Nous pouvons donc commencer à nous faire confiance, non pas en tant qu’homme pensant et calculant, mais en tant qu’homme vibrant et étant. Etre est une aventure qui vaut la peine.
C’est mon message aujourd’hui, mon plaidoyer pour l’existence.
Belle année encore une fois !
Docteur Yasmine Lienard
Merci pour ce texte qui nous laisse entrevoir la confiance, l’espoir et tous les possibles qui existent en nous et que la méditation peut nous aider à découvrir.
Merci de m’avoir initié à cette pratique.
Très belle année à vous aussi!
Merci Yasmine pour vos posts qui m’encouragent à continuer l’aventure. Bonne année à vous!