
Pour en finir avec la méditation?
Voici un extrait du livre de Franck Terreaux, « L’art de ne pas faire » (ed. L’originel)
« Il vous suffit d’imaginer quelle serait votre réaction si l’on venait brusquement vous réveiller en plein sommeil, vous disant : Allons réveille-toi ! Il faut que tu médites, que tu prennes conscience de toi, que tu observes ton corps, tes pensées, tes perceptions, tes émotions et sans contrôle, bien entendu. Il faut absolument que tu te libères de tes conditionnements etc.
Imaginez ne serait-ce qu’un instant votre réaction… De toute évidence vous vous réveilleriez au beau milieu d’un cauchemar vous écriant : « mais foutez moi la paix ! j’étais si bien là en train de dormir ! » . « Juste avant » durant votre sommeil, il n’y avait que « suis », « je suis » était donc absent, c’était le pays de cocagne, c’était la complétude, il n’y avait que méditation sans méditant, sans regardant, sans percevant. Une attention inconsciente d’elle-même, une sorte de rien, si heureux de n’être rien, qu’il n’aurait pas l’idée, ni même l’envie de devenir quelque chose. »
Cet extrait résume la soudaine deception que l’on peut trouver lorsque l’on médite et qu’il n’y a rien à trouver d’autre que ce qui existe déjà. Il n’y a rien à faire pour être et cet être n’a pas besoin de projet pour exister voire même tout projet éloigne un peu plus de son existence.
Combien de pratiquants de méditation se trouvent de plus en plus décontenancés par l’immense espace qui s’offre à eux et que le mental cherche à tous prix à remplir créant des « bugs » incessants, des tournoiements de possibilités contraires les unes aux autres et qui n’empechent toujours pas le corps, les émotions, les sons, la vie de se manifester par elle même sans que personne n’ait à intervenir. Le « je » peut sombrer dans une grande depression mais le corps continue à respirer, la soif à arriver les sons à s’exprimer et les gestes à s’accomplir. C’est cette compréhension que méditer peut nous faire toucher pour ensuite peut-être lacher la méditation elle-même…
Etre n’est pas un business à gérer mais toucher à ce vide de « Faire » est une traversée délicate et je voulais simplement dire « bon courage » à ceux qui essayent….