Le soin de soi comme outil politique : repenser les pratiques de bien-être

Camille Teste, professeure de yoga, publie « Politiser le bien-être » et y explore les enjeux politiques des pratiques de bien-être. Interrogeant les problèmes de l’industrie du soin de soi, elle plaide pour un changement d’intention visant à s’émanciper et lutter collectivement.

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Le bien-être, un marché florissant et un refuge face au déclin du monde

Le bien-être est devenu l’un des marchés les plus porteurs du capitalisme. Selon Camille Teste, professeure de yoga et auteure de « Politiser le bien-être », ces pratiques sont souvent perçues comme apolitiques, pourtant leur rôle dans l’organisation de la société est fondamental. Face à un monde en déclin, où la planète brûle et où nous nous sentons impuissants, le bien-être devient un refuge pour tenter de se changer soi-même plutôt que le monde extérieur.

Les limites des pratiques de bien-être actuelles

Camille Teste soulève plusieurs problèmes liés aux pratiques de bien-être contemporaines. Tout d’abord, elles donnent l’illusion d’espaces hors du temps, non concernés par les problématiques sociales telles que le racisme ou la grossophobie. De plus, ces pratiques coûteuses excluent une partie de la population, limitant leur portée. En outre, elles freinent l’action collective en nourrissant une logique de petits gestes qui ne remettent pas en question les structures sociales existantes.

Ces pratiques individuelles, telles qu’elles existent, sont un frein à l’action collective. – Camille Teste

Repenser le bien-être pour favoriser l’émancipation et la lutte collective

Pour Camille Teste, il est nécessaire de changer notre approche du bien-être en modifiant nos intentions. Plutôt que de le considérer comme un moyen de devenir plus heureux ou productif, nous devrions l’utiliser pour apprendre à ralentir, nous émanciper et lutter collectivement. Ainsi, les pratiques de soin de soi pourraient devenir des outils politiques.

En 2019, le « burn out militant » a été au cœur de nombreuses discussions. L’engagement politique demande de l’énergie, d’où la nécessité de disposer d’espaces pour se régénérer. Le bien-être pourrait ainsi jouer un rôle crucial dans la lutte pour un monde meilleur, mais sa transformation en outil politique réside dans l’évolution de nos intentions et de notre approche des pratiques de soin de soi.

Des alternatives et solutions pour politiser le bien-être

Pour repenser ces pratiques de bien-être, il est possible de s’orienter vers des alternatives plus accessibles et inclusives, en évitant de soutenir l’industrie capitaliste du bien-être. Des espaces communautaires ou associatifs peuvent proposer des ateliers et activités liés au bien-être, tout en prônant des valeurs d’égalité, de solidarité et de respect. De plus, promouvoir des pratiques de bien-être conscientes et politisées, axées sur le partage, le soutien mutuel et la remise en question des normes sociales, peut contribuer à renforcer la lutte collective.

Des pratiques de bien-être au service de l’environnement

Une autre approche pour politiser le bien-être consiste à intégrer une dimension environnementale dans les pratiques de soin de soi. Adopter des modes de vie et des habitudes de consommation plus durables, favoriser les produits locaux et les circuits courts, s’engager dans des actions écologiques collectives, ou encore sensibiliser à la protection de l’environnement peuvent ainsi devenir une composante essentielle du bien-être, tant individuel que collectif.

Encourager l’éducation et l’engagement autour du bien-être

Enfin, afin de politiser le bien-être, il est crucial de diffuser des informations et des connaissances sur les enjeux politiques et sociaux liés à ces pratiques. Encourager la réflexion, la prise de conscience et l’engagement autour des problématiques de l’industrie du bien-être permettra de questionner ses fondements et d’œuvrer pour un changement positif.

Notre avis

Nous pensons que repenser les pratiques de bien-être pour les politiser est une démarche importante pour transformer notre société. La vision de Camille Teste offre une perspective intéressante et stimulante sur la manière dont les soins de soi peuvent devenir un outil politique pour lutter collectivement. En redéfinissant nos intentions, en mettant en avant l’éducation et l’engagement, et en recherchant des alternatives plus inclusives et responsables, nous pouvons contribuer à un monde meilleur pour tous.

À retenir : Le soin de soi comme outil politique

  • Le bien-être est souvent perçu comme apolitique, mais influence notre société
  • Les pratiques de bien-être actuelles présentent des limites et des problèmes
  • Il est nécessaire de repenser notre approche pour s’émanciper et lutter collectivement
  • Trouver des alternatives inclusives et responsables peut contribuer à la lutte pour un monde meilleur
  • Intégrer une dimension environnementale et éducative est essentiel pour politiser le bien-être

Conclusion

Revoir les pratiques de bien-être et les politiser est une démarche constructive pour transformer notre approche du soin de soi. En devenant des outils réellement politiques, ces pratiques encourageront à la fois l’émancipation individuelle et la lutte collective pour un monde meilleur.